Pauline Vallot : Une immigration déqualifiée. Diplômé·es d’études longues à la périphérie des professions supérieures françaises et allemande.

Pauline Vallot soutiendra sa thèse de sociologie : Une immigration déqualifiée. Diplômé·es d’études longues à la périphérie des professions supérieures françaises et allemande.

Elle se tiendra le mercredi 9 septembre à 9h, à Paris

48 boulevard Jourdan – 75014 Paris, salle Madeleine Rebérioux

Le jury sera composé de :

  • Cris BEAUCHEMIN, Directeur de recherche à l’INED (Président)
  • Ioana CÎRSTOCEA, Chargée de recherche au CNRS, CESSP (Examinatrice)
  • Silke HANS, Professeure à l’Université de Göttingen (Codirectrice de thèse)
  • Catherine MARRY, Directrice de recherche émérite au CNRS, CMH (Rapportrice)
  • Camille PEUGNY, Professeur à l’Université Saint-Quentin-en-Yvelines (Rapporteur)
  • Anne-Catherine WAGNER, Professeure à l’Université de Paris 1 (Codirectrice de thèse)

Résumé / Abstract

Contre le schéma d’un marché migratoire globalisé des « talents » qui s’orienteraient en direction des pays les plus « attractifs », cette thèse vise à étudier les facteurs sociaux qui déterminent les trajectoires géographiques et professionnelles des diplômé·es du supérieur ayant migré à l’âge adulte vers la France ou l’Allemagne. Elle s’appuie sur l’exploitation de données statistiques (Mikrozensus allemand et enquêtes Emploi de 2005 à 2010 ; enquête Trajectoires et Origines, 2008) et sur des entretiens auprès de docteur·es et ingénieur·es immigré·es. À rebours de l’idée d’un système unifié défendue par les expert·es de l’OCDE, la première partie met en lumière deux espaces de circulation majeurs et largement cloisonnés : du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne vers la France d’une part, de l’Europe centrale et orientale vers l’Allemagne d’autre part. Elle décrit la manière dont l’influence linguistique, éducative et économique des pays d’arrivée sur les pays d’origine donne sens aux orientations migratoires. La seconde partie explore les dimensions matérielles et symboliques de la mobilité sociale souvent descendante induite par la migration. Dans le pays d’arrivée, les rapports de pouvoir liés à la nationalité, à la langue, au pays de formation et à la « race » se déclinent selon le genre et expliquent que les immigrés, et surtout les immigrées, soient maintenu·es aux marges des professions supérieures françaises et allemandes malgré leurs diplômes. Ce travail vise ainsi à actualiser et à spécifier l’opposition entre pays centraux et périphériques grâce à l’analyse de deux systèmes migratoires contemporains aux logiques contrastées.

  • Deskilled immigrants. Higher educated people at the periphery of the French and German upper occupations

Against the theoretical scheme of a global market for “talents” that would turn towards the most “attractive” countries, this doctoral dissertation puts under scrutiny the social factors that determine geographical and occupational trajectories of higher educated migrants arrived in France or Germany at the adult age. It is grounded on empirical data that combines statistical surveys (French and German Labour Force Surveys between 2005 and 2010 ; Trajectoires et Origines survey, 2008) and interviews with immigrant doctors and engineers. Contrary to OECD experts who support the idea of a unified system, the first part highlights the existence of two main systems of circulation that are widely separated : North Africa and sub-Saharan countries towards France on the one hand, Central and Eastern Europe towards Germany on the other. It shows the way linguistic, educative and economic influence of the countries of arrival on the countries of origin explains the migratory patterns. The second part is focused on the material and symbolic dimensions of the often downward social mobility triggered by migration. In the country of arrival, the power relationships based on nationality, language, country of education and race interact with gender and explain why immigrants, particularly women, remain at the margins of French and German upper occupations in spite of their degrees. Hence, the study aims to update and specify the opposition between central and peripheral countries through the analysis of two contrasted contemporary systems of migration.