Séminaire - Productions et circulations des biens culturels : le cas des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord

Les séances (sauf la première) ont lieu le jeudi entre 14h00 à 16h00 au bâtiment Sud du Campus Condorcet (5 cours des Humanités 93322 Aubervilliers cedex) situé à la sortie du métro Front Populaire (ligne 12). Elles se dérouleront en mode hybrique, permettant un suivi à distance. L’inscription est obligatoire dans ce cas : https://groupes.renater.fr/sympa/subscribe/culturemena?previous_action=info

Programme 2021-2022

Séance 1 : 21 octobre 2021 – 13h30-15h30 exceptionnellement – salle 3.023

Laetitia Nanquette – Production et circulation de la littérature iranienne après la révolution de 1979

Dans cette communication, j’analyserai la façon dont la littérature iranienne, notamment la prose, a fonctionné et circulé de la révolution de 1979 à aujourd’hui, à la fois en Iran et dans les pays de la diaspora iranienne, en lien avec les champs économique, politique et social. Je me concentrerai sur l’Amérique du nord, l’Europe occidentale et l’Australie. Je m’attacherai d’abord à décrire les formes, structures et fonctions de la littérature dans la société iranienne, avant de me tourner vers la diaspora.

Laetitia Nanquette est enseignante-chercheuse en littérature à l’University of New South Wales, Sydney, Australie. Docteure en études moyen-orientales de la School of Oriental and African Studies, Londres, elle a publié Orientalism versus Occidentalism : Literary and Cultural Imaging Between France and Iran Since the Islamic Revolution (I.B. Tauris, 2013) et en 2021 aux presses universitaires d’Édimbourg Iranian Literature after the Islamic Revolution : Production and Circulation in Iran and the World. Ce travail s’appuie sur des recherches de terrains menées en Iran and dans la diaspora iranienne entre 2005 et 2017.

Discutant : Amin Moghadam (Senior Research Associate at CERC in Migration and Integration, Ryerson University, Canada, PhD in Human Geography and Urban Studies from the University of Lyon II, France).

Séance 2. Jeudi 18 novembre 2021 – salle 3.023

Sadia Agsous – Derrière l’hébreu, l’arabe : le roman palestinien en hébreu (1966 – 2017)

Cette présentation tirée d’un ouvrage à paraître chez Classiques Garnier examine les romans écrits en hébreu par les écrivains palestiniens en Israël (1966-2017), avec un aperçu sur leur investissement dans une production culturelle qui inclut non seulement la littérature, mais aussi la traduction et le théâtre et les médias. Cette analyse est posée dans le contexte littéraire et culturel arabe minoritaire auquel appartiennent ces écrivains et le champ culturel hébraïque auquel ils sont supposés appartenir. Ces textes littéraires sont l’expression manifeste, au sein de la littérature hébraïque, d’une virtualité latente : celle d’une langue arabe qui circulerait sous l’effort pour faire exister l’identité palestinienne et son paysage historique marqué par la Nakba dans l’espace linguistique hébréophone.

Sadia Agsous enseigne au département d’études arabes de l’université de Paris 8 et est membre associée de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam). Au croisement de la littérature, des études culturelles, de la traductologie et de la pensée arabe moderne, ses travaux portent sur l’espace culturel palestinien en Israël, sur l’hébreu et l’arabe et leurs rencontres dans les domaines culturel et artistique (roman, traduction, théâtre, cinéma). Ses recherches récentes et actuelles se concentrent sur les archives culturelles palestiniennes d’avant 1948 et sur la place des Juifs et de la Shoah chez les intellectuels du monde arabe (Afrique du Nord et Moyen-Orient).

Séance 3. Jeudi 16 décembre 2021 – salle 3.023

Celia Hassani – La mobilisation d’intermédiaires de l’art pour le développement des politiques culturelles au Liban : nouveaux acteurs, nouveaux enjeux ?

L’intérêt pour le développement des politiques culturelles de la part des acteurs des mondes de l’art et de la culture se manifeste dans les pays du sud et de l’est de la Méditerranée de manière grandissante depuis une quinzaine d’années. La multiplication d’initiatives multiformes à l’initiative d’acteurs intermédiaires et les échanges de compétences accrus que permet la libéralisation de fonds dans ce sens font émerger de nouveaux questionnements quant au rôle et la place de l’art au sein de ces différentes sociétés. La période qui fait suite aux « printemps arabes » marque un tournant décisif pour la consolidation et l’émergence d’initiatives citoyennes, initiatives auxquels les mondes de l’art sont plus que jamais connectés. Différents projets de développement pour les politiques culturelles vont alors prendre forme au sein de configurations culturelles et sociales en renouveau. Ces conjonctures catalysent et orientent les volontés et discussions qui animent les scènes artistiques et culturelles de la région et renforcent leur autonomisation. Ce travail de recherche s’attache à observer et analyser différents groupes d’acteurs intermédiaires des mondes de l’art au Liban qui sont à l’initiative de projets de développement des politiques culturelles, nationale mais aussi locale. Il s’agit d’interroger et définir les caractéristiques du rôle et du poids de ces acteurs intermédiaires qui se positionnent comme médiateurs entre l’art, les artistes, la société et l’État et se mobilisent dans une forme de négociation autour de la redéfinition de la place de l’art et de la culture au sein de la société libanaise.

Célia Hassani est doctorante à Aix-Marseille Université (IREMAM – LESA) et axe son travail sur le rôle et la mobilisation d’intermédiaires de l’art pour le développement des politiques culturelles au Liban. Elle a obtenu une bourse de l’Orient Institut Beirut (OIB), centre de recherche allemand pour lequel elle réalise une étude sur les mécanismes de financement public de la culture au Liban, en partenariat avec l’ONG al-Mawrid al-Thaqāfī. Elle travaille également en tant que consultante dans le domaine du renforcement des capacités auprès d’acteurs culturels de la région MENA. Ses récents travaux de recherche portent sur les questions de l’art dans l’espace public dans le contexte libanais de la « révolution » d’octobre 2019 : voir notamment https://policy.bristoluniversitypress.co.uk/arts-culture-and-community-development.

Séance 4. 20 janvier 2022 – salle 3.023

Jérôme Bourdon et Sandrine Boudana – La réception critique du cinéma israélien et palestinien dans l’ombre de l’actualité

Il s’agit d’interroger, à travers une analyse comparative des critiques professionnelles et amateurs d’un échantillon de films israéliens et palestiniens, les enjeux politique et artistique de la réception de ce(s) cinéma(s). Hypothèse explicative principale : les contextes politiques nationaux et la présence du conflit dans la longue durée de l’actualité conditionne la réception des films. Aux États-Unis, où les médias et plus encore l’opinion publique demeurent remarquablement pro-israéliens, on lira différemment les films de l’Angleterre, relativement propalestinienne, tandis que la France tiendra une position médiane. Hypothèse secondaire : les traditions cinéphiliques/journalistiques sont également un facteur de différenciation. Les critiques américains seront plus sensibles au public comme « clients » tant de la presse que du cinéma, on tiendra compte du caractère « accessible » des films, et de leur capacité à heurter tel ou tel segment de l’opinion publique ; en France et au Royaume-Uni, on laisse plus d’autonomie au « journaliste-auteur », tant du point de vue politique que du point de vue artistique.

Jérôme Bourdon et Sandrine Boudana, sont enseignants-chercheurs au Département de communication de l’Université de Tel Aviv.

Séance 5. Jeudi 17 février 2022- salle 3.023

Richard Jacquemond et Frédéric Lagrange – Culture pop en Égypte. Entre mainstream commercial et contestation

Tout au long des cent dernières années, l’Égypte représente par excellence la culture pop arabe, diffusant par le biais de sa puissante industrie du spectacle des productions et des modèles de référence dans le monde arabe contemporain. Mais la pop culture, dans ses déclinaisons textuelles, iconographiques, musicales, télévisuelles, cinématographiques, sert-elle l’État ? Formate-t-elle l’individu selon une pensée hégémonique alimentant le conservatisme social et la domination masculine ? Détourne-t-elle de la contestation, ou au contraire peut-on repérer dans les productions culturelles qui ne relèvent pas de la « haute-culture » des discours qui viennent déconstruire les représentations hégémoniques ?
Enfin, quelle est la place de la question linguistique dans ces configurations ? La pop culture est-elle nécessairement en langue dialectale et la culture légitime en arabe littéral ? Un nombre encore limité de travaux récents, essentiellement anglo-saxons dans la foulée des cultural studies, ont pris comme objet la culture populaire dans l’ensemble du Moyen-Orient, et dans ses rapports à la mondialisation. Certains focalisent sur la culture dominante commercialement distribuée, d’autres relèvent plus de la « contre-culture ». Mais les rapports complexes entre le pop et le populaire ne sont pas examinés en tant que tels. Ici, l’ensemble des contributions étudient dans le détail des textes, des images et des sons des productions culturelles égyptiennes situées entre pop culture, popular culture, subculture, et mainstream, illustrant la tension entre pop culture et cultures populaires.

Agrégé d’arabe, professeur de langue et littérature arabes modernes à l’université d’Aix-Marseille et chercheur à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM, CNRS, Aix-en-Provence), dont il est actuellement directeur, Richard Jacquemond a résidé plus de quinze ans en Egypte où il a notamment dirigé le programme de traduction de la mission culturelle française, puis préparé sa thèse de doctorat (1999), dont une version éditoriale a été publiée en 2003 (Entre scribes et écrivains. Le champ littéraire dans l’Egypte contemporaine, Actes Sud-Sindbad ; traductions arabe et anglaise). Ses recherches portent sur l’histoire et la sociologie de la littérature arabe moderne et d’une part, et sur les échanges traductionnels entre l’arabe et les autres langues, là aussi dans une perspective plus socio-historique que littéraire ou linguistique. Il a également traduit plus de vingt ouvrages de l’arabe, dont huit romans de l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim et, dernièrement, deux livres d’Iman Mersal : une anthologie poétique (Des choses m’ont échappé, Sindbad/Actes Sud, 2018) et un récit (Sur les traces d’Enayat Zayyat, Sindbad/Actes Sud, 2021, prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor 2021).

Frédéric Lagrange est professeur de langue et littérature arabes à Sorbonne-Université. Il est actuellement président du jury de l’agrégation d’arabe. Ses recherches, éclectiques, sont une extension à partir du noyau constitué par sa recherche doctorale, consacrée aux Poètes et Musiciens en Egypte à l’époque de la Nahda. Elles ont débouché d’une part vers un intérêt pour les études culturelles et l’analyse des productions médiatiques du Moyen-Orient. De l’Egypte, son terrain initial, son intérêt s’est actuellement déporté vers la péninsule Arabique : il a codirigé en 2021 un numéro de la revue Arabia Humanities consacré à la Pop Culture dans le Golfe ainsi qu’un colloque intitulé « Culture Made in Arabia ». Une autre interrogation, née de la découverte de la division genrée du chant dans le Moyen-Orient du XIXe siècle, a mené vers une exploration des constructions de la masculinité et de la féminité dans la littérature arabe classique et moderne. Son HDR était consacrée la dichotomie islam de plaisirs, islam d’interdits dans les discours courants sur la sexualité dans les sociétés arabo-musulmanes. Enfin, l’analyse de la langue des chansons l’a conduit à examiner les représentations littéraires de la diglossie de l’arabe dans le roman comme les productions culturelles ressortissant à la pop culture régionale, examinant la tension entre « culture haute » et autres expressions. Il a parallèlement traduit en français des oeuvres de Hoda Barakat, Khayri Shalabi, Abdo Khal et Mohamed Rabie.

Séance 6. Jeudi 17 mars 2022 – salle 3.023

Driss El Maarouf – The Local and Global Dynamics of Moroccan Music Festivals

Music Festivals in Morocco have grown to be the country’s Meta-artistic flagships. Scattered in geography and time, festivals punctuate the life calendar of cities and citizens, craft cross-cultural situations, produce trans-border encounters, economic opportunities and interesting forms of cultural nomadism. They are widely (in)comparable to local rural celebrations (moussems). Global manifestations as they were, they fling urban spaces, natives, tourists, localities, identities into a confusing and ambiguous vortex. Music festivals mark the urban and are marked by it, thus define cities in the same dexterity that cities define them. I argue that whatever goes around in the urban, be it terrorism, social uprising, etc., comes around in the festival and vice versa. My reading of Moroccan music spectacles was therefore an effort to put to task the proliferating culture of festivity in Morocco, as it radiates in the crossroads of the social, the historical and the spatial. I attempted through qualitative methods (i.e. personal observations, semi-structured and unstructured interviews, analysis of lyrical, editorial and iconographic data, etc.) to verify whether we could possibly draw a wedge between modern festivals and discourse. We discovered that an urban music festival, above all, is a site of struggle between not only the local and the global, the traditional and the modern, the sacred and profane, the real and simulated, but also between the margin and the centre, power and counter-power.

Between the tide and ebb, Moroccan music festivals grow contentious, their implications running high on the social, temporal, and spatial fronts. As possible seats for discourse and power, some of these cultural ephemera bring into play powerful moments of transgression, theatricality as well as compelling and vividly powerful instances of the role of the youth in generating laughter, ‘excre-mentality’ and ‘resis-trance’. Additionally, I brought the subject up to date with a detailed description of festival sceptics who put into question the benevolence of cultural events, in the context of the social uprisings that rocked the MENA region in 2011. For these sceptics, active in the press, street, and social networks, festivals shamelessly advance a deceptive culture of wellbeing against a dark reality of local socio-economic plights, and trans-local tragedies and traumas. The struggle between pro-festival and anti-festival activists cast lucid forays into the unfolding paradigm shift in the conceptual framing of culture in Morocco. It emphasizes the global implications of the rising culture of unstructured scandal, unsupervised urban spectacle on the more systematized bodies of state festivals. This thesis tries to peel away the layers of understanding and misunderstanding surrounding festivals, while bringing into being an exposition of how the discourses of religion, politics, and social struggle thus come into play to ascribe festivity with a renewed importance, cultural, social and academic, producing, as it gets endlessly revised from within and without, ambivalent and twisted lineaments of modern music culture in Morocco. As Morocco is trying to rewrite itself socially and politically in the face of the MENA uprisings, there is no way that the cultural escapes unmodified.

Moulay Driss El Maarouf completed his PhD on The Local and Global Dynamics of Moroccan Music Festivals in 2013 in Bayreuth University (Germany), where he was on the BIGSAS and DAAD scholarships. After defending his thesis, he was awarded a three-year postdoctoral grant by the Volkswagen foundation to complete his research project : Remembering Childhood : Identity, Space, and Circulation in Childhood Playing Narratives. Towards the end of this fellowship, he joined the DAAD research program “The Maghreb in Transition : Media, Knowledge and Power” as coordinator and academic advisor from 2016 to 2019. In 2020, he co-founded AfriBIAN (Africa Bayreuth International Alumni Network), after a successful application to DAAD to fund a two year project, entitled : Rolling Religion on the African Map : Religion in times of Transition. El Maarouf’s academic interests span several topics within Cultural Studies, including cultural theory, music festivals and sub-culture, childhood lives, social movements, scatology and popular culture. El Maarouf currently holds a teaching position at the English Department at Sidi Mohamed Ben Abdellah University (Sais), Fez.

Séance 7. Jeudi 14 avril 2022 – salle en attente

Muriel Girard – Le théâtre du patrimoine. L’artisan, le maire et le touriste à Istanbul

Quel rapport entre un artisan, un touriste et son guide, et un maire ? Tous sont des acteurs de la scène patrimoniale, dont la péninsule historique d’Istanbul constitue ici le cadre. L’étude de ce qui s’y joue, entre tourisme, pratiques artisanales et patrimonialisation, éclaire d’un jour nouveau les logiques du changement social et des mutations urbaines. Croisant entretiens, observations, cartographie et sources écrites, les enquêtes de terrain révèlent en effet les diverses manières, parfois contradictoires, de catégoriser l’artisanat, ainsi que les multiples recompositions sociales, spatiales et identitaires qui en résultent. Invitant les artisans, d’ordinaire silencieux, à prendre la parole, ce livre leur donne une place comme acteurs de la cité, et offre ainsi une approche originale de la fabrique du patrimoine dans la ville.

Muriel Girard est docteure en sociologie, maîtresse de conférences en sciences humaines et sociales à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille et membre du laboratoire INAMA/ENSA-M. Ses travaux portent sur les enjeux associés au patrimoine dans des centres espaces urbains anciens en Turquie, au Maroc et, aujourd’hui, à Marseille.

Séance 8. Jeudi 19 mai 2022

Joséphine Desfougères – Analyse d’une pratique éditoriale transnationale : l’adaptation de supports. Le cas de Birikim, héritière turque de la New Left Review.

S’il existe un certain nombre de travaux portant sur la circulation de contenus éditoriaux – à travers les études sur la traduction notamment –, plus rares sont ceux qui s’intéressent à la circulation des contenants. Toutefois, l’adaptation de supports éditoriaux est une pratique professionnelle fréquente, quoi que protéiforme. Cette communication se propose d’étudier l’une de ces pratiques à travers l’analyse d’un cas : la revue Birikim, adaptation turque de la prestigieuse New Left Review britannique. À travers la consultation des archives de ces deux revues et la réalisation d’entretiens auprès de membres du comité éditorial de Birikim, nous nous interrogerons sur les motivations – considérations économiques et/ou dotation symbolique – à l’origine de ce projet éditorial ; sur les modalités de cette transposition locale – totale ou partielle – et sur les critères invoqués dans le processus de sélection et de décision ; enfin, sur la réception par le lectorat turc.

Joséphine Desfougères est doctorante à l’Université Sorbonne Paris Nord (USPN, Paris 13), rattachée au LabSIC. Elle prépare une thèse sous la direction de Bertrand Legendre. Son travail porte sur les éditeurs indépendants turcs, sur l’édition de sciences humaines et sociales et l’édition « critique » en Turquie.

Séance 9. Jeudi 16 juin 2022 – salle en attente

Maena Berger – Les conditions sociales de la co-production de l’information sur la guerre en Syrie : Une sociologie des fixeurs syriens.

Depuis 2011, la Syrie fait l’objet de nombreux reportages par les médias nationaux et transnationaux. Malgré un accès extrêmement compliqué et risqué sur le territoire syrien, la production d’informations sur la Syrie est restée intense. Pour cela, le rôle des « fixeurs », ces hommes et femmes qui aident les journalistes travaillant sur des terrains difficilement accessibles, a été déterminant. Au-delà d’une simple aide logistique (traductions, organisation des déplacements, mise en contact…), ils ont une influence éditoriale. C’est d’autant plus le cas en Syrie puisque, les journalistes occidentaux ne pouvant que très rarement se rendre sur place, ils sont, peu à peu, devenus les seuls à être en capacité de transmettre, de faire circuler des informations nécessaires à la couverture de cette guerre. À partir d’entretiens semi-directifs, menés avec une vingtaine de fixeurs syriens, cette présentation propose de présenter ce groupe d’intermédiaires, en revenant sur leurs trajectoires biographiques afin de comprendre comment ils sont devenus fixeurs, sur leurs conditions de travail, leurs rapports avec les journalistes occidentaux et sur leurs activités professionnelles actuelles.

Maena Berger est doctorante en sociologie à l’EHESS à Paris, rattachée au laboratoire du CESSP. Son travail porte sur la co-production de l’information sur la guerre en Syrie entre, les ONG, les grands médias internationaux, les agences de presse et les journalistes et fixeurs syriens.