L’abdication du Parlement. Fait majoritaire et discipline partisane à l’Assemblée nationale sous la V e République

Damien Lecomte soutiendra sa thèse de doctorat en science politique, intitulée L’abdication du Parlement. Fait majoritaire et discipline partisane à l’Assemblée nationale sous la V eme République, le vendredi 15 octobre 2021 à 14h, dans la salle 216 du centre Panthéon de l’Université Paris 1 (12, place du Panthéon, Paris 75005).

Jury

  • Catherine Achin, Professeure des universités, IRISSO, Université Paris-Dauphine – PSL (Examinatrice)
  • Bastien François, Professeur des universités, CRPS-CESSP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne(Président du jury)
  • Nicolas Roussellier, Professeur des universités, CHSP, Institut d’études politiques de Paris (Rapporteur)
  • Olivier Rozenberg, Associate Professor, CEE, Institut d’études politiques de Paris (Examinateur)
  • Frédéric Sawicki, Professeur des universités, CRPS-CESSP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Directeur de thèse)
  • Cécile Vigour, Directrice de recherche, CED, Institut d’études politiques de Bordeaux (Rapporteure)

Résumé de la thèse

Le facteur clef de la domination du pouvoir gouvernant sur le Parlement dans la Ve République est l’existence d’une majorité stable et disciplinée à l’Assemblée nationale. En étudiant la construction historique du « fait majoritaire » et le fonctionnement des groupes parlementaires, la thèse analyse la subordination consentie des députés. La recherche se fonde sur des observations directes du groupe socialiste majoritaire pendant la XIVe législature (2012-2017), des entretiens avec des députés et collaborateurs parlementaires et ministériels, des archives de comptes rendus des débats et des données statistiques relatives aux activités législatives et aux profils des élus.

Le phénomène inédit de « fronde parlementaire » dans le groupe socialiste incite à examiner les fondements du présidentialisme majoritaire. Émergeant dans une conjoncture politique exceptionnelle autour du général de Gaulle, il s’est solidifié progressivement par le ralliement des acteurs et des forces politiques malgré des mises à l’épreuve. Le capital politique collectif du groupe majoritaire est structuré autour du chef gouvernant et incite les députés à la discipline. Il nécessite néanmoins un travail du groupe pour mobiliser ses membres et du pouvoir gouvernant pour entretenir sa domination, y compris en acceptant des concessions ciblées et des dissensions limitées. Au-delà des institutions formelles, la discipline relève surtout de représentations incorporées par les députés, excluant l’autonomie politique de la majorité parlementaire et naturalisant le soutien au pouvoir gouvernant. L’ancrage du présidentialisme dans les esprits entraîne des dysfonctionnements démocratiques de la Ve République.

Mots-clefs : Études parlementaires, Assemblée nationale, Ve République française, discipline partisane, sociologie des institutions politiques, partis politiques, activités législatives, domination politique

Abstract

The abdication of Parliament. Majority rule and party discipline in the National Assembly under the French Fifth Republic

The key factor of the governing power’s domination over Parliament in the French Fifth Republic is the existence of a stable and disciplined majority in the National Assembly. By studying the historical construction of the “fait majoritaire” and the functioning of the parliamentary groups, the thesis analyzes the consented subordination of the MNAs. The research relies on direct observations of the majority socialist group throughout the 14th legislature (2012-2017), interviews with MNAs and parliamentary and ministerial staff, debate record archives, and statistical data on legislative activities and profiles of MNAs.

The unprecedented phenomenon of the “fronde parlementaire” in the socialist group leads to examine the foundations of majority presidentialism. Emerging in an exceptional political situation around General de Gaulle, it gradually solidified through the rallying of political actors and forces in spite of challenges. The majority group’s collective political capital is structured around the governing chief and encourages the MNAs to be disciplined. It nevertheless requires work by the group to mobilize its members and by the governing power to maintain its domination, even by accepting targeted concessions and limited dissensions. Beyond formal institutions, discipline is above all a matter of representations incorporated by the MNAs, excluding the political autonomy of the parliamentary majority and naturalizing support for the governing power. The anchoring of presidentialism in minds results in democratic dysfunctions in the Fifth Republic.

Keywords : Legislative studies, National Assembly, French Fifth Republic, party discipline, sociology of political institutions, political parties, legislative activities, political domination