Journées d’études et colloques 2018

Les 27-28 mars 2018 - Journées d’études : « Construction d’objet »
organisées par Louis Pinto

CESSP-CNRS
59-61 rue Pouchet 75017 Paris
Salle de conférences

Programme

Pierre Bourdieu n’a cessé de mettre en avant, contre une conception « positiviste » ou « empiriste » de la sociologie, la notion de « construction d’objet » qui jouait un rôle central dans sa propre conception du métier de sociologue : la science tend à « construire » des « objets » spécifiques qui ne sont pas ceux de l’expérience ordinaire.
Signe peut-être de sa réussite, cette notion n’a pas échappé à une certaine routinisation. Il y a plusieurs raisons de revenir sur sa signification et ses enjeux. Qu’est-ce que Bourdieu entendait au juste par là ? Comment comprendre le langage de la construction ? Peut-on souscrire, et jusqu’à quel point, aux présupposés discontinuistes de l’épistémologie d’inspiration bachelardienne ?
L’intention de ces Journées n’est pas de produire des exégèses mais de permettre aux chercheurs invités de faire le point sur des questions incontournables, en s’appuyant sur leurs propres recherches : celles de savoir en quoi ces recherches ont, ou non, impliqué une rupture avec des « prénotions », avec une doxa, et en quoi le chercheur ne se borne pas à accumuler des informations sur un domaine.
Loin de l’image académique et bureaucratique d’une discipline partagée en une multitude de circonscriptions séparées par de coûteuses barrières d’entrée, la sociologie est « générale », elle s’engage ou se risque totalement dans chacun de ses objets empiriques.


Le 13 mars 2018 - Journée d’étude : Contemporary Visions of the Future

EHESS - Amphithéâtre Furet
105 Boulevard Raspail, 75006 Paris

Programme

Biographie des participants

Résumé en français :
Cette journée d’étude réunira des chercheurs en sciences sociales et humaines dans le but d’examiner la façon dont les productions culturelles contemporaines imaginent l’avenir. Il s’agit d’une démarche visant à mieux comprendre comment nos récits actuels tentent de donner un sens, de réfléchir et de réagir au rythme effréné des changements sociaux, politiques et technologiques des dernières décennies. En plus de discuter de certaines visions contemporaines récurrentes de l’utopie, de la dystopie et d’autres avenirs, nous nous intéressons également aux approches théoriques dans les études de la temporalité. Cela inclut la définition des modes temporels en vigueur, l’analyse des chronotopes de notre époque contemporaine et la compréhension des modèles et cadres de l’espace-temps qui façonnent les récits sur l’avenir. Nous nous intéressons également aux changements et aux développements dans les genres et topos que la littérature a développés au fil des années pour présenter l’avenir : du rêve à la prophétie, au super réalisme, à la science-fiction, et plus encore. Bien que cela soit notre point de départ, la réflexion ne se limite pas à ces questions précises. Nous sommes ouverts à toute autre recherche qui pourrait nous aider à comprendre comment les communautés, les littératures et les cultures imaginent nos futurs aussi bien sur le plan local que mondial. Nous employons le terme "contemporain" pour désigner une large catégorie qui couvre les œuvres des dernières décennies du siècle précédent à nos jours.

Résumé en anglais :
This conference will bring together scholars from the Social Sciences and the with the goal of examining the ways in which contemporary cultural productions imagine the future. It is an attempt to better understand how our current narratives try to make sense, reflect, and react to the rapid pace of social, political, and technological changes of the last few decades. In addition to discussing some recurrent contemporary visions of utopian, dystopian, and other futures, we are also interested in looking at theoretical approaches to the study of temporality. This includes defining current temporal modes, analyzing the chronotos of our contemporary time, and understanding the time-space models or molds that are shaping narratives about the future. We are also interested in changes and developments in the genres and topos that literature developed throughout the years for presenting the future ; from dreams to prophecy, to super realism, to science fiction, and more. While this is our starting point, the conversation is not limited to these specific questions and we are open to any other investigations that would help us understand the ways communities, literatures, and cultures imagine both our local and global futures. We are using the term ‘contemporary’ as a wide category that covers works from the last few decades of the previous century to today.


Les 18-19 Janvier 2018 - Colloque : Le sociologue en globe-trotter Réceptions et usages de la sociologie d’Yves Dezalay

Université Paris 1 – Ehess
Amphithéatre Saint-Barbe
4 Rue Valette, 75005 Paris

[Programme]

Présentation du colloque

De quoi sont faits les processus d’internationalisation et en quoi permettent-ils de rendre compte des transformations du pouvoir d’Etat ? Au fil de nombreuses enquêtes et de milliers d’entretiens conduits depuis les années 1980, Yves Dezalay -seul ou accompagné de son acolyte de toujours, Bryant Garth- n’a pas cessé d’explorer cette question de recherche. Situés résolument hors des sentiers battus, évitant de s’enfermer dans la bibliographie et les questionnements d’une seule discipline (sociologie des élites, relations internationales, sociologie du droit, sociologie de l’Etat, etc.), voire même d’une seule école, ses travaux forment aujourd’hui une œuvre aussi originale qu’incontournable pour qui entend étudier, en sciences sociales, ce que « l’internationalisation » fait aux champs du pouvoir, à leurs élites et aux formes de la légitimité qui y ont cours. Indice de sa fécondité, la sociologie d’Yves Dezalay est aujourd’hui mobilisée sur des terrains très différents et intéresse une grande diversité de sous-champs disciplinaires (area studies, études post-coloniales, études européennes, sociologie des élites, travaux sur l’américanisation, politique des droits de l’homme, philanthropie, etc.).

Sociologue globe-trotter ayant décrypté au fil de ses ouvrages –depuis les Marchands de droit jusqu’au plus récent Asian legal revivals en passant par Dealing in Virtue ou La mondialisation des guerres de palais- les champs du pouvoir de plusieurs continents, Yves Dezalay a mis sur le métier international les concepts clés de la sociologie des champs de Pierre Bourdieu, pour en éprouver la fécondité mais aussi certaines limites. Ce faisant, il a forgé une théorie générale des formes de construction et de légitimation du pouvoir d’Etat étroitement encastrée dans les stratégies de reproduction (sociale, familiale et professionnelle) des élites nationales, les recompositions continues des savoirs d’Etat, et les relations de concurrence et de complémentarité qui structurent le champ du pouvoir américain (entre public interest lawyers et Chicago boys, droits de l’homme et droit des affaires, etc.). Des héritiers de la culture juridique européenne aux comptoirs off-shore de l’hégémonie américaine, en passant par les courtiers multipositionnés de l’international, il a ainsi construit une boite à outils extrêmement riche pour ceux qui s’essaient aujourd’hui à l’enquête globale. Alors qu’Yves Dezalay poursuit aujourd’hui ses travaux sur le terrain des transformations de l’éducation des élites juridiques, il a paru utile de faire le point sur les acquis, les usages possibles, et peut-être certaines apories. Dans le sillage d’entretiens récents (notamment Cultures et conflits, 2015) et du travail collectif effectué au CESSP autour de l’enquête globale (Guide de l’enquête globale en sciences sociales, 2015), les deux journées de ce colloque seront donc l’occasion d’échanger, à partir de travaux doctoraux ou post-doctoraux en cours. Il ne s’agit pas de réunir ici tous ceux qui ont croisé la route d’Yves Dezalay, ils seraient bien trop nombreux… mais de réfléchir sur le mode du workshop à la fécondité de ses hypothèses sur les processus d’internationalisation, aux conditions de leur transposition sur de nouveaux terrains d’enquête, aux éventuels « trous » qu’elles permettent de faire apparaître dans notre connaissance des champs de l’international.