Apprendre le métier de citoyen. Contribution à l’étude de la socialisation politique scolaire

Camille Amilhat soutiendra sa thèse de doctorat en science politique, intitulée Apprendre le métier de citoyen. Contribution à l’étude de la socialisation politique scolaire, jeudi 25 novembre 2021 à partir de 14h au Centre Panthéon de l’Université Paris 1 (12 place du Panthéon, Paris 5e), en salle 216.

Jury

  • Stéphane BEAUD, Professeur, CERAPS, Sciences Po Lille, Rapporteur
  • Stéphane BONNÉRY, Professeur, CIRCEFT-ESCOL, Université Paris 8, Examinateur
  • Céline BRACONNIER, Professeure, CESDIP, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, Examinatrice
  • Julien FRETEL, Professeur, CESSP-CRPS, Université Paris 1, Président
  • Daniel GAXIE, Professeur émérite, CESSP-CRPS, Université Paris 1, Directeur de thèse
  • Bertrand GEAY, Professeur, CIRCEFT-ESCOL, Université Paris 8, Rapporteur
  • Julie PAGIS, Chargée de recherche CNRS, IRIS-EHESS, Examinatrice

Résumé de la thèse

En 2015, à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le ministère de l’Éducation nationale a doté l’école française d’un nouvel enseignement moral et civique (EMC), du CP à la terminale. Jusqu’alors, et malgré la valorisation internationale de l’éducation à la citoyenneté face aux tensions démocratiques croissantes, cette dernière était peu enseignée dans les classes. Depuis l’instauration de l’EMC, dans quelles conditions le système scolaire français participe-t-il à équiper les futurs citoyens d’une compétence politique et civique ? En prenant ancrage dans la sociologie politique, les sciences de l’éducation et l’analyse des politiques publiques, notre recherche propose de comprendre ce processus de socialisation politique scolaire à partir de l’observation directe de cours d’EMC sur les institutions publiques dans sept classes de primaire et de secondaire de deux villes franciliennes entre 2016 et 2019, de la conduite d’entretiens approfondis avec les élèves et leur enseignant, et de l’étude des documents officiels du Ministère concerné. Bien que la dimension civique de l’EMC soit mise au second plan par le contexte d’action de la réforme et ses implications matérielles, certains professeurs, mus par un idéal démocratique, font quand même le choix de l’enseigner. Les effets de cette inculcation scolaire sur la familiarisation des élèves avec l’univers politique et judiciaire peuvent alors être forts et inattendus par rapport aux modèles sociologiques connus. Au-delà de l’influence des contextes scolaires, ils révèlent en effet des mécanismes de transmission et d’appropriation d’une nouvelle espèce de capital culturel : le capital culturel civique.

Learning to Be a Citizen. A Political Socialization Process of Youth at School

In 2015, following the Charlie Hebdo and Hyper Cacher attacks, the French Ministry of Education provided schools with a new moral and civic education (MCE), from the first year of primary school to the final year. Until then, and despite the international promotion of citizenship education because of growing democratic tensions, the latter had been rarely taught in the classroom. Since the introduction of the MCE, under which conditions has the French school system contributed to fitting future citizens out with political and civic competence ? Anchored in political sociology, educational sciences and public policy analysis, our research proposes to understand this process of school political socialization on the basis of the direct observation of MCE lessons about public institutions in seven primary and secondary classes in two cities near Paris from 2016 to 2019, the conduct of in-depth interviews with students and their teacher, and the study of official documents from the Ministry concerned. Although the civic dimension of the MCE has been given secondary importance by the action context of the reform and its material implications, some teachers, prompted by a democratic ideal, still choose to teach it. The effects of this school inculcation on the familiarization of pupils with the political and judicial sphere can then be strong and unexpected compared to well-known sociological models. Beyond the influence of school contexts, they reveal mechanisms of transmission and appropriation of a new kind of cultural capital : the civic cultural capital.