Thèse
Les intellectuels à l’épreuve de la visibilité. Faire carrière au-delà de l’université (1970-2015)
Dir : Louis Pinto
Résumé de la thèse
Cette thèse porte sur les circuits par lesquels une fraction des intellectuels deviennent visibles (presse de qualité, revues intellectuelles, cercles de réflexion, lieux de conférences, émissions culturelles de radio et de télévision, maisons d’édition, etc.). Mêlant référence à la culture légitime, accessibilité et action, de tels circuits se sont développés au sortir des années 1970 jusqu’à s’imposer comme l’espace de la valeur publique des idées et de leurs porteurs. La thèse s’est donc intéressée aux enjeux de la visibilité pour les intellectuels durant la période allant des années 1970 au milieu des années 2010 et montre que les carrières de la reconnaissance externe ne se font pas après ou en dehors de l’université mais bien en même temps. Afin de rendre raison de cette configuration de la notoriété intellectuelle, nous avons eu recours ici à une approche sociohistorique et multiniveaux des circuits de la visibilité où il s’est agi d’appréhender leurs institutions, producteurs et publics. Or, les lieux de conférences savantes à destination d’un large public parce qu’ils occupent une place cardinale au sein des circuits de la visibilité intellectuelle se sont avérés une entrée particulièrement efficace pour en reconstituer empiriquement les filières qui se sont tissées entre les marges de l’université, la haute administration et les médias. Une ethnographie multisite des conférences (N=15) ayant abouti à un vaste corpus d’observations (N=97) a ainsi ouvert la voie à tout un ensemble d’explorations de ces circuits aux échelles micro et macro. À travers des immersions de longue durée et une observation participante ayant permis de collecter un matériau empirique conséquent (observations, entretiens et archives), nous nous sommes attaché à restituer la genèse puis la trajectoire d’institutions exemplaires (Beaubourg, le Collège international de philosophie et l’Université de tous les savoirs). Nous avons mené des entretiens avec les producteurs (N=18) et, en lien avec cette catégorie d’enquêtés, les intermédiaires culturels et leur personnel de renfort (N=9). Dans le registre qualitatif, nous avons également procédé à des analyses de controverses (Billeter / Jullien et Badiou / Finkielkraut). En outre, de nombreux traitements quantitatifs parmi lesquels des analyses factorielles et de réseaux ont été réalisés à partir d’une prosopographie des producteurs répartis entre sciences de la nature (N=64) et sciences humaines et sociales (N=195) suivant un échantillonnage représentatif de conférenciers. Pour ce qui est de la réception, la focale a été placée sur les auditeurs des conférences en diversifiant les méthodes d’investigation : aux observations collectées auprès du public durant toutes les phases des conférences, se sont ajoutés des entretiens (N=27) et plusieurs enquêtes par questionnaire conduites par nos soins au sein du Collège international de philosophie (N=330) et de l’Université de tous les savoirs (N=285, 157 et 183). Sur la base de ces différentes enquêtes, la thèse rend compte du monopole exercé par ces circuits de célébration culturelle dans l’accès à la notoriété publique des intellectuels ayant conduit à la formation d’un espace hétéronome où le capital social prime sur les espèces autonomes du capital culturel. Dès lors, cet espace et l’élite de l’esprit qui s’y trouve consacrée participent du renouvellement des modes de domination de la classe dominante depuis les années 1980. Si ce travail est un apport à la sociologie des intellectuels et des sciences, à celle des élites et des médias, à celle du goût et de la consommation culturels et aux réflexions méthodologiques autour de l’articulation des niveaux, il voudrait aussi contribuer à l’analyse des formes idéologiques et académiques de doxa intellectuelle.
Fonctions
- Depuis février 2021 : Post-doctorant sur les données de la recherche (Idex Science ouverte) au sein du SDC de l’Université de Paris
- ATER en sciences de l’éducation à l’Université de Bourgogne (2008-2010)
Formation
- 2004-2005 : MASTER 2 Recherche Sciences humaines et sociales mention Sociologie des sociétés contemporaines. Université de Paris 5 - Sorbonne, René Descartes. Mémoire sous la direction d’Olivier Schwartz.
- 2002 – 2003 : DESS de Démographie appliquée. Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Mémoire sous la direction d’Olivia Samuel.
- 1999 – 2000 : Maîtrise de Mathématiques appliquées et sciences sociales (MASS). Université de Paris 7 Denis Diderot.
- 1998 – 1999 : Licence de Mathématiques appliquées et sciences sociales (MASS). Université de Paris 7 Denis Diderot.
- 1996 – 1997 : DEUG Mathématiques, informatique et applications aux sciences (MIAS). Université de Paris 6, Pierre et Marie Curie.
Enseignement
- 2018-2019 Chargé de cours, Université Paris Descartes, faculté des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne :
Statistiques, L1 Sciences sociales, TD, 36H (18H x 2) ;
Informatique et statistiques, L2 Sciences sociales, TD, 24 H (24H x 1).
- 2017-2018 Chargé de cours, Université Paris Descartes, faculté des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne :
« Statistiques », L1 Sciences sociales, TD, 36H (18H x 2) ;
- 2016-2017 Chargé de cours, Université Paris Descartes, faculté des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne :
« Statistiques », L1 Sciences sociales, TD, 36H (18H x 2) ;
« Informatique et statistiques », L2 Sciences de l’éducation, TD, 72 H (24H x 3).
- 2015-2016 Chargé de cours, Université Paris Descartes, faculté des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne : « Informatique et statistiques », L2 Sciences de l’éducation, TD, 48H (24H x 2).
- 2009-2010 ATER à l’université de Bourgogne (temps plein), département de sciences de l’éducation, Institut universitaire professionnel de Management culturel Denis Diderot /Institut de Recherche sur l’Education (IREDU) :
« Démographie », L3 Sciences de l’éducation, CM, 36H ;
« Méthodes en sciences sociales », L3 Sciences de l’éducation, CM, 36H ;
« Statistiques », L3 Management culturel, CM + TD, 25H (15H + 10H) ;
« Méthodes d’enquête et traitement de données », M1 Management culturel, CM + TD, 42H (18H + 24H) ;
« Initiation au logiciel SPSS », M2 Sciences de l’éducation, TD, 18H ;
« Sociologie des publics », M2 Management culturel, CM, 9H ;
« Méthodologies et suivi d’enquêtes », M2 Management culturel, TD, 9H.
- 2008-2009 ATER à l’université de Bourgogne (temps plein), département de sciences de l’éducation, Institut universitaire professionnel de Management culturel Denis Diderot /Institut de Recherche sur l’Education (IREDU) :
« Démographie », L3 Sciences de l’éducation, CM, 36H ;
« Méthodes en sciences sociales », L3 Sciences de l’éducation, CM, 36H ;
« Statistiques », L3 Management culturel, CM + TD, 25H (15H + 10H) ;
« Méthodes d’enquête et traitement de données », M1 Management culturel, CM + TD, 42H (18H + 24H) ;
« Initiation au logiciel SPSS », M2 Sciences de l’éducation, TD, 18H ;
« Sociologie des publics », M2 Management culturel, CM, 18H.
Publications
Articles dans des revues internationales ou nationales à comité de lecture
- « Badiou versus Finkielkraut. Débat du siècle ou débat dans le siècle ? », Zilsel, vol. 1, 2017, p. 117-152 (consultable sur Cairn)
Chapitres dans des ouvrages collectifs
- « L’ "intelligence" comme (in)dépendance : l’Université de tous les savoirs (2000-2013) » in Alexandre Olivier, Noël Sophie, Pinto Aurélie (dir.), Culture et (in)dépendance. Les enjeux de l’indépendance dans les industries culturelles, Peter Lang, 2017, p. 145-159.
- Avec Afrânio Garcia, « Compétition pour la suprématie culturelle et stratégies internationales des élites intellectuelles » in Johanna Siméant (dir.), Guide de l’enquête globale en sciences sociales, Paris, CNRS éditions, 2015, p. 127-152.
Notices
- « Valeur » in Gisèle Sapiro (dir.), Dictionnaire International Pierre Bourdieu, Paris, Éditions CNRS, 2019, p. 873-874.
- « L’importation de références philosophiques étrangères : stratégies de captation et profits symboliques », in Johanna Siméant (dir.), Guide de l’enquête globale en sciences sociales, Paris, CNRS éditions, 2015, p. 334-335.
Note critique
- « Qu’est-ce que la notoriété ? Quelques réflexions sur une approche essentialiste en sciences sociales », Revue européenne des sciences sociales, vol. 1, n° 54, 2016, p. 249-261.
Autres publications
- « Ma thèse en 10 000 signes », in Carnet du RT 34 : Sociologie politique, Hypotheses, 2019 (consultable en ligne).
- « Badiou versus Finkielkraut, bis repetita placent : des blocs de données et une esquisse de retour réflexif », in Carnet Zilsel : Sociologie, histoire, anthropologie et philosophie des sciences et des techniques, Hypotheses, 2017 (consultable en ligne).
- Avec Louis Maurin, « A quoi sert l’argent public ? » in Alternatives économiques, Hors-série : "Les chiffres de l’économie 2004", n°58, 2003, p. 22-23.
- Avec Louis Maurin, « La mosaïque des migrations » in Alternatives économiques, Hors-série : "Les chiffres de l’économie 2004", n°58, 2003, p. 86-87.
Responsabilités scientifiques
- Membre du RT 37 « Sociologie des médias » de l’Association Française de Sociologie (depuis 2018).
- Ancien membre du RT 27 « Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir » de l’Association Française de Sociologie (2011-2019).
- Représentant des doctorant.e.s du CESSP (équipe CSE), 2010-2011.
Co-organisation d’évènements
Co-organisation d’évènements scientifiques
- Co-organisation des sessions du RT27 « Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir » dans le cadre du 8ème congrès de l’Association française de sociologie « Classer, déclasser, reclasser », Sciences Po Aix-en-Provence, 27-30 août 2019.
- Co-organisation des sessions du RT27 « Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir » dans le cadre du 7ème Congrès de l’AFS « Sociologie des pouvoirs, pouvoirs de la sociologie », Amiens, 3-6 juillet 2017.
- Co-organisation des sessions du RT27 « Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir » dans le cadre du 6ème Congrès de l’AFS « La sociologie, une science contre nature ? », Saint-Quentin-en-Yvelines, 29 juin- 2 juillet 2015.
- Co-organisation de la journée d’étude « L’autonomie en questions. Réflexions sur le concept d’autonomie en sociologie de l’art, des intellectuels et de l’expertise », CNRS/ Site Pouchet, 12 février 2015.
Communications et interventions
Colloques et congrès internationaux
- « La fabrique du goût intellectuel profane : le cas des conférences de culture savante », IV International Sociological Association Forum of Sociology, sessions of RC37 Sociology of the Arts, Porto Alegre, Brazil, 23-27 février 2021.
- « Ce que la visibilité médiatique fait aux classements intellectuels : Sartre, Foucault, et les "nouveaux philosophes" », 8ème congrès de l’Association française de sociologie « Classer, déclasser, reclasser », RT 37 Sociologie des médias, Sciences Po Aix-en-Provence, 27-30 août 2019.
- « Le Collège international de philosophie : de l’académisme d’avant-garde à la visibilité intellectuelle », 8ème congrès de l’Association française de sociologie « Classer, déclasser, reclasser », RT 27 Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir (Sciences Po Aix-en-Provence, 27-30 août 2019.
- « De la logique de l’objet à la mise en continuité des niveaux : le cas de la visibilité intellectuelle », 15ème congrès de l’Association française de Science politique, ST 45 « Micro-macro. Enjeux méthodologiques des analyses a plusieurs niveaux », Sciences Po Bordeaux, 2-4 juillet 2019.
- « La "science" en action : le cas de l’Université de tous les savoirs (2000-2013) », 7ème congrès de l’Association française de sociologie « Sociologie des pouvoirs, pouvoirs de la sociologie », RT 29 Sciences et techniques en société (Université d’Amiens, 3-6 juillet 2017).
- « La double (in)dépendance de l’Université de tous les savoirs : l’État et le manager », Colloque international « Culture et (in)dépendances. Les enjeux de l’indépendance dans les industries culturelles ». ICCA/IRCAV/LabSIC/Printemps, Université de Paris 13. (MSH Paris Nord, 26-27 novembre 2015).
- « La construction sociologique de la visibilité intellectuelle », Colloque international « Pour une histoire sociale des idées politiques ». CEVIPOF/ISP/Triangle, Sciences Po Paris (Sciences Po Paris, 22-23 janvier 2015).
- « La visibilité "intellectuelle" : retour réflexif à partir des méthodes d’enquêtes », 5ème congrès de l’Association française de sociologie « Les dominations », RT 27 Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir (Université de Nantes, 2-5 septembre 2013).
- « La visibilité "intellectuelle" et "scientifique" dans la division du travail de domination », 5ème congrès de l’Association française de sociologie « Les dominations », RT 34 Sociologie politique (Université de Nantes, 2-5 septembre 2013).
- « Les circuits de la diffusion de la culture "scientifique" mondaine : positions, prises de positions et réseaux sociaux », 4ème congrès de l’Association française de sociologie « Création et innovation », RT 27 Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir (Université de Grenoble, 5-8 juillet 2011).
Journées d’étude et séminaires
- « Les institutions de la visibilité intellectuelle », séminaire inter-axes du CESSP organisé par Arnaud Saint-Martin, EHESS, 18 avril 2019.
- « La visibilité intellectuelle : questions de méthode », Atelier Pouchet coordonné par Stanislas Morel, CESSP, (CNRS/Site Pouchet, 4 février 2016).
- « Une université dans le siècle : l’Université de tous les savoirs (2000-2013) », Journée d’étude du RT27 Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir en partenariat avec le RT 14 Sociologie des arts et de la culture, CESSP/AFS/Cressppa (CNRS/Site Pouchet, 12 février 2015).
- « Une analyse du goût intellectuel profane : les publics des conférences de culture "savante" », Journées d’étude du RT 14 Sociologie des arts et de la culture : « La "sociologie des arts et de la culture" et ses frontières. Esquisse pour une auto-analyse », en partenariat avec le RT 27 Sociologie des intellectuels et de l’expertise : savoir et pouvoir, Université Paris Descartes/AFS (La Sorbonne, 6-7 novembre 2014).
- « Le Collège international de philosophie (1983- 2010) : de l’académisme d’"avant-garde" à la lutte pour la visibilité "intellectuelle" », Journée d’étude du CSU « Des producteurs à la production symbolique : intermédiations et circulations transnationales » organisée par Audrey Mariette et Olivier Roueff (CNRS/Site Pouchet, 28 mai 2013).
- « Questions de méthode : à propos de quelques "biais" épistémologiques tendanciels dans l’objectivation du champ intellectuel », Journée d’études doctorales du CESSP « Pour une objectivation de la recherche en pratique » (CNRS/Site Pouchet, 3 mai 2011).